Asma Bint Umays (r.anha), récompensée par deux hégires

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vendredi 8 avril 2016

Asma Bint Umays (r.anha), récompensée par deux hégires

"À ce sujet, Omar n'a pas plus de droits que vous sur moi. Lui et ses amis n'ont fait qu'une émigration tandis que vous, Oh gens du bateau, vous en avez accompli deux."

Asma bint Umays était la sœur de l'épouse du Prophète Muhammad (saw), Maymuna (r.anha) et l'épouse du fils de son oncle, Jafar ibn Abou Talib. Elle faisait partie des premières femmes qui embrassèrent l'Islam à la Mecque. Ensuite, elle fit partie avec son mari des émigrants vers l'Abyssinie, et de là en arrivant à Médine, elle a obtenu la récompense de deux hégires. C'est pour cela que le Messager de Dieu (saw) les complimentait davantage, et les traitait avec faveur.

Le calendrier affichait la septième année de la prophétie. Les Compagnons du Prophète (saw) ayant participé à la première émigration vers l'Abyssinie étaient retournés à la Mecque ;
mais les mécréants de Quraysh augmentaient leurs tortures de jours en jours. Lorsque les Compagnons du Prophète (saw) lui demandèrent l'autorisation pour s'exiler, le Messager de Dieu (saw) leur dit à nouveau de partir en Abyssinie. Dès lors, un grand nombre de Compagnons du Prophète (saw) dont Jafar ibn Abou Talib et son épouse Asma prirent la route pour l’exil.

Jafar n'avait pas participé au premier exil en Abyssinie. Cependant pour cette émigration, le Prophète (saw) le plaça à la tête de la caravane des exilés. Il allait se charger des affaires diplomatiques. Ainsi, en Abyssinie, il fut à chaque fois l'interlocuteur des musulmans face au Négus d’Abyssinie.

Notre mère Asma et Jafar ibn Abou Talib vécurent de longues années en Abyssinie. Dans ce laps de temps, notre mère Asma mit au monde trois beaux enfants ; Abdallah, Muhammad et Avn bin Jafar (Ibnu Hacer, cf. p 477). Lorsque les Musulmans émigrèrent de la Mecque à Médine, eux étaient en Abyssinie.

Lorsqu'ils apprirent que le Prophète Muhammad (saw) avait émigré vers Médine, ils eurent le désir de s’y rendre. Seulement le Prophète (saw) leur ordonna de rester en Abyssinie. Ils furent forcés de rester en Abyssinie jusqu'à nouvel ordre du Prophète (saw). De telle façon qu'ils n'ont pas connus les principales batailles qui ont eu lieu entre les Musulmans et les mécréants comme la bataille de Badr, d’Uhud et de Khandaq. Jafar, tout comme beaucoup d'autres Compagnons du Prophète (saw), éprouvait de la tristesse et du bouleversement de ne pas avoir pu être présents auprès du Prophète (saw) lors de ces batailles. C'est pour cette raison que notre mère Asma était souvent témoin de l'air absent de son mari et essayait de le réconforter.

Le calendrier affichait cette fois la septième année de l'hégire lorsque l'ordre attendu fut transmis par lettre au Négus. Le Prophète Muhammad (saw) souhaitait que les mouhajirounes d'Abyssinie soient renvoyés à Médine. Cette nouvelle fit vivre un moment de fête à tous les mouhajirounes. 

Au même moment, le Prophète Muhammad (saw) était parti pour l'expédition de Khaybar avec son armée. Une fois à Medine, notre mère Asma (ranha) se rendit à la maison du Prophète près de notre mère Hafsa (ranha). Au même moment, Omar (ra) était auprès de sa fille. Quand il vit Asma (ra), se tournant vers Hafsa (ra) :

"C'est qui ?" demanda-t-il.

“Asma Bint Umays” répondit notre mère Hafsa.

Sur ce, Omar taquina Asma (ra), "Tiens, voici le matelot d'Abyssinie ".

Lorsque notre  Mère Asma répondit "Oui", Omar (ra) dit " Nous avons fait l'émigration avant vous, nous avons donc plus de droit sur le Prophète Muhammad (saw) que vous n'en avez!"

Sur ce, Asma, se tournant vers Omar (ra) : "Non, par Dieu, vous, vous étiez avec le Messager de Dieu qui nourrissait vos pauvres et instruisait vos ignorants. Quant à nous, chassés de notre pays, nous vivions en exil, dans la crainte et les soucis. Tout cela au service de Dieu et de Son Messager ! Je jure par Dieu que je ne vais rien boire ni manger avant d'aller raconter ce que tu as dit au Prophète (saw). Oh Omar ! Nous là-bas, nous subissions des tortures et étions sous menace. Je vais raconter ce que tu viens de dire au Prophète (saw) sans rien rajouter a ton discours et sans te faire de l'injustice et lui demander."

Une fois le Prophète (saw) arrivé, Asma (ra): "Oh Messager de Dieu! Omar a dit telle et telle chose".

Et le Prophète (saw) : "Bien, et toi que Lui as-tu répondu ? ».

Alors elle raconta ce qu’elle a dit à Omar et sur ce, le Prophète (saw) : "À ce sujet, Omar n'a pas plus de droits que vous sur moi. Lui et ses amis n'ont fait qu'une émigration tandis que vous, Oh gens du bateau, vous en avez accompli deux."

Sur ces mots du Prophète (saw), notre mère Asma éprouva le bonheur d'une personne qui a obtenu ce qu’elle voulait. Elle aimait entendre ce hadith mentionnant la récompense de deux hégires de la bouche du Prophète (saw), cela lui faisait oublier tous les soucis vécus lors de son émigration. Par la suite lorsque les mouhajirounes d'Abyssinie qui avaient émigrés avec elle venaient auprès d'elle, lui faisaient tout le temps répéter ce hadith. (Ibnu’l Cevzi, Sıfatu’s-Saffe, p. 392, les éditions Kahraman, 2006, Istanbul)

Jafar, tout comme beaucoup d'autres Compagnons du Prophète (saw), éprouvait de la tristesse et du bouleversement de ne pas avoir pu être présents auprès du Prophète (saw) lors de ces batailles. C'est pour cette raison que notre mère Asma était souvent témoin de l'air absent de son mari et essayait de le réconforter.

Le temps avait passé à Médine. Cela faisait un an qu'Asma et son mari étaient rentrés d'Abyssinie. Le calendrier affichait la huitième année de l'hégire. Sous l'effet des expéditions l'Islam se propageait de jours en jours. Cependant, Jafar ressentait le regret de ne pas avoir pu participer aux batailles pour le bienfait de l'Islam.

Voilà que cette année, le Messager de Dieu songeait à envoyer une armée sur les Byzantins. Sur ce, Jafar, s'inscrit sans perdre de temps parmi les personnes qui allaient participer à l'expédition. Lors du départ, le Prophète (saw) ordonna à Zayd ibn Haritha d'être le commandant de l'armée. Il affirma que s'il tombait martyr, ce serait à Jafar (ra) de devenir commandant en chef de l'armée et si lui aussi tombait martyr, alors ce sera Abdallah ibn Rawahah (ra) de devenir chef. Lorsqu'il conseilla de choisir quelqu'un parmi les Compagnons de devenir commandant dans le cas où Abdallah aussi tombait martyr, l'horizon de Médine se recouvra d'une ambiance de deuil. Car tout ce que disait le Messager de Dieu (saw) se produisait. Cela voulait dire que Zayd aussi, Jafar aussi et AbdAllah aussi allait tombaient martyr.

Asma (ra) saluait son mari pour l'expédition dans cet état d'esprit. Elle était sûre qu'il n'allait plus revenir. Sans trop tarder, la nouvelle tomba ; les trois Compagnons étaient tombés martyrs tout comme l'avait annonçait notre Prophète (saw).

Tout comme les autres Compagnons, Jafar se battait vaillamment pour ne pas faire tomber son étendard de la main. Il perdit son bras droit par un coup de sabre puis il perdit son bras gauche avec un autre coup de sabre. Lorsqu'il tomba martyr, il avait environ quatre-vingt-dix blessures sur le corps. Notre Prophète (saw) annonça aux Compagnons, la nouvelle qu'il le voyait voler au paradis. (Ibnu Hacer, cf. p 200)

Par la suite il se rendit à la maison de Jafar (ra). C'est notre Mère Asma qui l'accueilla à la porte. Lorsqu'il s'assit à la place qui lui a été montré ; "Ramène-moi les enfants de Jafar (ra)." Ordonna-t-il à Asma (ra). Quand les enfants arrivèrent, le Prophète (saw) les prit dans ses bras et les embrassa. À ce moment, il pleurait. Sur ce, lorsque notre Mère Asma (ra) demanda d'une voix tremblante : "Oh Messager de Dieu! Pourquoi pleures-tu? Aurais-tu reçu une information à propos de Jafar et Ses amis?" "Oui, ils sont tombés martyrs aujourd'hui”  affirma-t-il. Lorsqu'il vit qu'elle se mit à pleurer également, il continua ses mots : "Ne pleure pas du fait que toi et tes enfants allez rester seuls. Moi je serai leur tuteur ici et dans l'au-delà.” Après il ordonna au coiffeur de couper les cheveux des enfants. (Ibni Kesir, cf. 7/357)

Puis, quittant ce lieu en séchant ses larmes, le Messager de Dieu (saw) ordonna à Ses Compagnons de préparer un repas pour eux. Notre mère Asma (saw) était parvenue à rester droite malgré la grande peine qu'elle avait éprouvé suite à la perte de son mari. Elle devint la mère et le père de ses trois enfants. Elle passa ses jours en priant et en rendant service à l'Islam. Cependant après la perte de son mari, au fils du temps elle commença à avoir des problèmes financiers. Il était difficile en ce temps pour une femme de s'occuper de ses enfants et de gagner sa vie en même temps. Remarquant sa situation, notre Prophète (saw) lui proposa de se marier avec Abou Bakr. Asma accepta, et ce fut à nouveau le Prophète (saw) qui maria Asma (ra) avec Abou Bakr (ra).

La dixième année de l'hégire, Asma (ra) participa avec son mari Abou Bakr (ra) pélerinage de l'Adieu du Prophète (saw). À ce moment, elle était enceinte. Arrivant à Zulhulejfa, ses contractions commencèrent et elle mit au monde Muhammad ibn Abou Bakr. Après quoi, elle fit parvenir le message au Prophète (saw) “Maintenant qu'est-ce que je vais faire ?”. Notre Prophète dit à Abou Bakr (ra) : “Qu'elle se purifie, s'habille proprement et se sacralise". (Muslim, Hacc 109; Abu Dawud, Menasik 35; Ibni Mace, Menasik 12)

Après le départ du Prophète (saw) dans l'au-delà, Abou Bakr (ra) accomplit le devoir de calife pendant deux ans avant de mourir. Et avant sa mort, il fit le testament "Si je meurs, que ce soit ma femme Asma Bint Umays qui me lave. Si elle n'arrive pas à le faire seule, quelle demande de l'aide à mon fils Abderrahmane” Tout comme il en avait fait le testament, un jour froid d'hiver, notre mère Asma lava en sanglots le corps défunt de son mari Abou Bakr (ra) qui fut inhumé au côté du Prophète Muhammad (saw). (İmam Zehebi, cf. 5/134-135)

Notre mère Asma s'était à nouveau retrouvée seule après la mort d'Abou Bakr. Elle avait un certain âge et n'avait plus la force de s'occuper des tâches de ce monde. Elle s'était entièrement consacrée aux prières. En la voyant seule dans cet état, Ali (ra) la demanda en mariage. Son intention était de prendre soin delle et l'empêcher de souffrir dans le monde d'ici-bas. Asma (r.anha) accepta sa proposition. Ali (ra) connaissait l'intérêt que portait notre Prophète (saw) sur elle quand il était encore en vie, et la respectait. De plus, il la connaissait de près depuis tout petit car Ali était le grand frère de Jafar.

Lorsqu'Asma (r.anha) se maria avec Ali (ra), le fils d'Asma, Muhammad était encore trop petit, AbdAllah également était petit. C'est Ali (ra) qui s'occupa personnellement de ces deux enfants. Muhammad, était le fils d'Abou Bakr et AbdAllah, le fils de son frère Jafar. C'est pourquoi il s'en occupait spécialement. En grandissant ils furent deux frères qui s'entendaient très bien ensemble. Un jour, auprès d'Ali (ra), ils se taquinaient mutuellement, et parlèrent avec fierté de leur père. Tous deux : « Moi j'ai plus de mérite que toi et mon père a plus de mérite que le tien. »

Sur ce, Ali (ra) se tournant vers Asma : "Fais un jugement entre les deux".

“Je n'ai jamais vu de jeunes parmi les arabes qui ait autant de droit que Jafar (ra), et je n'ai vu personne de plus mature qu'Abou Bakr" a-t-elle dit. Ces mots plurent à Ali (ra). (Ibnu Hacer, cf. p. 478)

Asma (r.anha) était une dame tout à fait mature, savante et cultivée. Le temps qu’elle a vécu en Abyssinie lui a beaucoup apporté dans la vie et lui a apporté énormément d'expérience sur beaucoup de sujets. 

Asma (r.anha) était une dame tout à fait mature, savante et cultivée. Le temps qu’elle a vécu en Abyssinie lui a beaucoup apporté dans la vie et lui a apporté énormément d'expérience sur beaucoup de sujets. L'une de ses expériences concernait le transport des funérailles des dames dans les tombeaux. À cette époque, les funérailles étaient recouvertes d'un linge et transportés ainsi. Un jour, la fille du Prophète (saw), Fatima (r.anha) s'en plaignit et dit à notre Mère Asma (r.anha). "Moi je trouve horrible la façon dont sont traitées ces funérailles des femmes. On recouvre la femme d'un tissu (quand il se mouille) toute son intimité est dévoilée" a-t-elle dit.

"Oh fille du Prophète (saw) ! Veux-tu que je te montre quelque chose que j'ai vu en Abyssinie." Dit-elle en demanda une branche de datte, la tordant comme un ressort pour surélever le tissu.

Et Fatima (r.anha), “Comme c'est beau, c'est magnifique. Lorsque je meurs, qu'Ali me lave et qu'on me porte de cette manière" avait-elle dit. À sa mort, c'est notre Mère Asma (r.anha) qui s'occupa des procédures de portage telles qu'elle les avait appris en Abyssinie. En Islam, notre mère Fatima (r.anha) fut la première dame dont les funérailles ont été couvertes de cette manière. (İmam Zehebi, cf  5/62)

Des années plus tard, après l'assassinat d'Osman, Ali (ra) fut proclamé calife. Par la suite, il envoya le fils d'Asma, Muhammad, en Egypte en tant que préfet. À cette période, Muhammad était encore trop jeune, et suite au désordre alors survenu, il fut tué en Egypte. Notre mère Asma (r.anha) alors en fin de vie, s'écroula encore une fois lorsqu'elle apprit la mort de son fils. Elle se retira au Masjid de sa maison et n'en sorti plus jusqu'à la fin de sa vie. Elle enterra sa peine, mais elle fut si triste que du sang commençait à venir de sa poitrine. (İbnu Hacer, cf. p. 477)

Notre mère Asma eu une vie remplie de peine. Mais elle ne s'est jamais révoltée et fut patiente. La forte foi dont elle faisait preuve lui permis d'avoir toujours eu les flatteries et compliments du Prophète (saw). Elle eut beaucoup de peine suite à la mort de son fils Muhammad mais vers la fin de sa vie elle vit également la mort de son mari Ali (ra). A un âge avancé, en tant que femme mature, vertueuse, elle rendit son dernier souffle à un degré que tout le monde aurait rêvé. 

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218