Le calife martyr : Othman bin Affân (ra)

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jeudi 21 avril 2016

Le calife martyr : Othman bin Affân (ra)

Ces conflits internes sont sans aucun doute le résultat des bouleversements religieux, politiques et socioéconomiques qu’a connus la région à cette époque. Ce soulèvement est dû tout d’abord au fait que les opérations militaires s’étaient essoufflées et que le territoire de l’empire avait atteint ses limites. Le peuple ennemi d’Iran et ses hauts plateaux à l’Est, l’Anatolie au Nord et la méditerranée à l’ouest ont constitué les frontières naturelles de l’Empire musulman.

Othman (r.a.) est venu au monde à La Mecque en l’an 47 avant l’hégire. Son père, Affân bin Abou Al As, faisait partie des riches de la ville et était compté parmi les importantes figures du clan des Banu Oumayya qui constituaient l’une des plus fortes branches de la tribu des Quraysh. Othman (ra) a suivi la voie de son père et a décidé de se lancer dans le commerce. Ce qui lui a permis, dès sa jeunesse, de devenir l’un des plus fortunés du clan. Il s’est converti à l’Islam suite aux efforts intenses d’Abou Bakr (ra). Sa conversion lui a causé beaucoup de problèmes, il a subi de nombreuses pressions et tortures de la part de sa famille, mais aussi de la part des autres tribus polythéistes. Durant la même époque, il s’est marié avec la fille du Prophète (saw), Ruqayya (r.anha), ce qui a créé un lien de parenté proche entre lui et le messager (saw). Puis, après la mort de Rouqayya (r.anha), durant la période Médinoise, il a épousé la seconde fille du Prophète, Oumm Koulthoum (r.anha) et a été à nouveau et pour la deuxième fois le gendre du Prophète (saw).

Othman ainsi que sa femme avaient fait partie de ceux qui avaient effectué l’hégire vers l’Abyssinie en raison de l’intensification des violences et des tortures subies. Il est resté un certain temps en Abyssinie, puis est retourné à La Mecque, pour finalement faire l’hégire vers Médine et ainsi devenir l’un des premiers Mouhajir. Il a été aux côtés du Prophète (saw) durant presque tous les événements importants ayant eu lieu après l’hégire. Il n’avait pas pu participer à la bataille de Badr, avec l’accord du Prophète (saw), en raison de l’état de santé de sa femme Rouqayya. Mais il a participé à la Bataille d’Ouhoud, de Khaybar, à la prise de La Mecque, ainsi qu’à la bataille de Hounayn et à l’expédition de Tabouk. Il était même allé à La Mecque sous le statut d’émissaire des musulmans avant que soit signé l’accord de paix de Hudaybiya.

Il a été le conseiller le plus proche d’Omar (ra) et d’Abou Bakr (ra) durant leur califat. Lorsqu’Abou Bakr (ra) avait désigné Omar (ra) comme calife, c’est Othman (ra) qui avait transcrit cette décision. Suite à la tentative d’assassinat d’Omar qui se terminera par son martyr, les musulmans ont choisi Othman (ra) comme nouveau calife. Durant les deux premières années de son califat, il a destitué les gouverneurs d’importantes régions telles que la province de Kufa, l’Égypte et Basra pour y nommer généralement des membres de sa famille, c’est-à-dire du clan des Banu Oumayya. C’est ainsi que le clan a eu une main prise sur tous les organes du califat, ce qui a éveillé un certain mécontentement au sein des populations vis-à-vis de la politique du nouveau calife, Othman bin Affân.

Durant le califat d’Othman (ra), l’Empire musulman a connu son expansion la plus vaste et la plus rapide jusqu’à ce jour. Ainsi, en Orient ses frontières avaient dépassé le Khorasan (Nord de l’Iran actuel), tandis qu’à l’Ouest l’Afrique du Nord avait été intégrée au territoire musulman. La zone stratégique de la Méditerranée, l’île de Chypre, a aussi été prise durant cette période par le gouverneur de Damas (la Grande Syrie), Muawiya (ra).  Ses autres gouverneurs, Abdullah bin Sa’ad, Abdullah bin Amr, Walid bin Uqba et Said bin al As ont tous été d’une grande importance dans l’élargissement du territoire musulman. L’Empire a ainsi atteint en cette période sa plus grande superficie durant la période des califes bien guidés.

Malgré ses réussites, le calife Othman a dû faire face, particulièrement durant les cinq dernières années, à d’importants troubles. Les sources classiques de l’histoire de l’Islam affirment que ces troubles et conflits internes sont dus aux mauvaises politiques du calife et de ses gouverneurs et aux campagnes et machinations de comploteurs tels qu’Ibn Saba. Cependant, il n’est pas raisonnable de vouloir expliquer tous les événements qui ont eu lieu à cette époque par un seul facteur ou une ou quelques personnes.  Ces conflits internes sont sans aucun doute le résultat de bouleversements religieux, politiques et socioéconomiques qu’a connus la région à cette époque. Ce soulèvement est dû tout d’abord au fait que les opérations militaires s’étaient essoufflées et que le territoire de l’empire avait atteint ses limites. Le peuple ennemi d’Iran et ses hauts plateaux à l’Est, l’Anatolie au Nord et la méditerranée à l’ouest ont constitué les frontières naturelles de l’empire musulman. Une fois les conquêtes arrêtées, les populations ont eu l’occasion de réfléchir et analyser les événements. Ainsi, certaines personnes se sont mises à inventer des rumeurs à l’encontre du califat et se sont empressées à se joindre au moindre soulèvement. La disparition progressive des compagnons éduqués par la morale prophétique et l’apparition d’une communauté démunie de cette éducation devenue majoritaire ont joué un rôle important dans l’émergence des dissensions. Suite à la conquête rapide de nouveaux territoires, les communautés chrétiennes récemment soumis à l’Islam en apparence, mais continuant à entretenir de la haine à l’égard des musulmans, les descendants de l’Empire sassanide effacé de la scène historique par Omar (ra) et les communautés juives qui n’ont jamais arrêté d’entretenir une relation conflictuelle avec les musulmans depuis l’hégire du Prophète (saw) en 622 ont aussi été des facteurs importants dans l’apparition de ces discordes. Ils ont naturellement soutenu les rebelles qui se sont soulevés contre Othman (ra).  Les organisations secrètes qu’ils ont créées ont soutenu et fortement contribué à l’émergence du conflit. En raison de toutes ces causes et d’autres encore, les mécontentements de la population se sont transformés en un soulèvement visant le califat, puis des foules de rebelles venues de Koufa, de Basra et d’Égypte sont arrivées à Médine et ont assiégé la maison du calife. Le siège a duré un an, puis les dissidents ont organisé une agression collective. Au mois de Dhou Al-Hijja en l’an 35 de l’hégire (juin 656) Othman (ra) est tombé martyr.

Othman (ra) était bon et doux, il possédait une personnalité clémente et juste. Il était particulièrement connu pour sa grande pudeur. Il a été aussi décrit dans les sources comme une personne très attachée à sa famille, qui ne refusait aucune de leurs demandes. Une autre de ses grandes qualités était sa générosité. Lorsqu’il était exigé de l’aide aux musulmans, c’est très souvent lui qui accordait le plus grand soutien financier. Ainsi, après l’hégire, il s’était associé à un prix très élevé à la gérance du puits de Ruma appartenant à un Juif pour offrir le puits au service des musulmans. Lors de l’expédition de Tabouk, il a subventionné un tiers des besoins de celle-ci.  Il a été promis au paradis par le Prophète Muhammad (saw), tant en raison de ses dons pour Tabouk que pour sa charité concernant le puits de Ruma. Il a été à l’époque du Prophète (saw) un des scribes du Coran et a, durant son califat, multiplié les exemplaires du Coran pour les envoyer dans les villes musulmanes importantes. Il a aussi transmis 146 hadiths prophétiques et son fils Aban bin Othman, lui, a été considéré comme l’un des premiers auteurs de sîra (la biographie du Prophète).

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218