Aïsha bint Abu Bakr (r.anha)

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Aïsha bint Abu Bakr (r.anha)

Selon le Coran, les épouses du Prophète Muhammad (saw) sont les mères des croyants. Des responsabilités plus larges leur ont été même attribuées uniquement du fait de leur statut. Parmi toutes les femmes du Prophète Muhammad (saw), Aïcha (r.anha) possède une place particulière ; elle se démarqua des autres épouses par sa science et son activisme et devint la mère des croyants, savante et pionnière des femmes juristes (fakih).


Une épouse dans la voie de la science et de la sagesse

Née à La Mecque, durant la quatrième année de la révélation, elle est la fille d’Abu Bakr (ra). Elle reçut le titre d’al-Siddiqa en raison du surnom al-Siddiq de son père et fut aussi nommée Umm al-Muminin (la mère des croyants) du fait qu’elle ait été l’épouse du Messager (saw). Elle fut célèbre et d’une grande importance qu’après son mariage avec l’Envoyé de Dieu (saw). Elle s’initia à la science, durant son enfance auprès de son père, puis elle se perfectionna dans cette voie durant son mariage avec le Messager. Cette science lui délivra une position particulière et méritée.  L’âge qu’elle aurait eu lors de son mariage fut sujet à de nombreuses polémiques. Alors que certains affirment qu’elle était alors âgée de 9 ans, d’autres prétendent qu’elle avait 14, 17 ou 18 ans. Seuls les orientalistes ainsi que ceux qui ont été influencés par leurs idées aiment polémiquer sur ce sujet et en font un moyen de critiquer le Messager (saw).

C’est en grande partie grâce à elle que Médine put continuer à être un centre de la science islamique ; ses efforts et activités permirent l’émergence du droit musulman et dans le hadith d’un courant de pensée appelé « l’école de Médine ». Elle ne se contentait pas de répondre aux questions qu’on lui posait en personne, elle répondait aussi par écrit aux lettres des musulmans d’autres villes et régions. Elle joua ainsi un rôle précurseur dans l’écriture des hadiths et de certains sujets du droit musulman.


Elle préféra la science à la politique

Aïcha (r.anha) participa à certaines campagnes militaires aux côtés du Prophète Muhammad (saw) et fut victime durant la bataille de Banu Mustaqil à une horrible calomnie, mais le Seigneur révéla des versets innocentant Aïcha (r.anha) et mettant en évidence le mensonge des calomniateurs. Le Prophète (saw) appréciait tout particulièrement Aïcha (r.anha) et cela était observable aisément. À l’exception de Khadija (r.anha), il la préférait à toutes ses autres épouses.  Elle surprenait par sa connaissance, son intelligence, sa profonde compréhension, sa forte mémoire, son amour de la science et ses efforts à comprendre et à interpréter de la meilleure façon le Coran et le Messager (saw). Le Prophète Muhammad (saw) finit par mourir dans ses bras, dans sa propre chambre, où il fut enterré. Elle interrogeait et discutait avec le Prophète (saw) des hadiths et des versets coraniques qui ne convenaient pas à sa propre réflexion. Elle faisait aussi office d’intermédiaire aux femmes qui désiraient poser certaines questions à l’Envoyé de Dieu (saw) qu’elles ne pouvaient demander directement et elle dirigeait même de temps en temps la prière aux femmes. Elle se distinguait des autres épouses du Messager (saw) par son profond amour à l’égard du Prophète (saw), mais aussi du fait de l’importance qu’elle accordait à ne pas désobéir aux demandes de son mari. En plus de passer ses nuits en adoration et de jeûner la majeure partie de son temps, elle était d’une moralité exemplaire. Elle était modeste et généreuse, elle n’aimait pas parler de ce qui ne la concerne pas, elle était calme et menait une vie simple. Une de ses particularités était qu’elle accordait beaucoup d’attention aux enfants pauvres et orphelins ; elle les protégeait, les éduquait, puis les mariait. Elle avait aussi affranchi plus d’une soixantaine d’esclaves, qui pour certains devinrent parmi de grands savants qui étudièrent les sciences et le hadith.

Aïcha (r.anha), durant la deuxième période du califat d’Othman (ra), prit une position politique et reprocha au calife certaines de ses pratiques, dont par exemple le fait d’avoir nommé à des postes clés des personnes qui ne méritaient pas et devint alors l’une des farouches opposants au calife. Cependant, elle finit par penser qu’elle avait agi à l’encontre du verset coranique qui exige des femmes du Prophète (saw) de préserver leur dignité et de rester dans leur foyer. Chaque fois qu’elle lisait ce passage, elle fondait en larmes, elle ne participa alors plus jamais à la politique et s’installa à Médine, où elle vécut une vie simple et calme et s’adonna uniquement à la science et à la prédication. Elle mourut en l’an 58 (678) du mois de Ramadan, sa prière mortuaire fut dirigée par Abu Hurayra (ra) et fut enterrée à Jannah al-Baqi.

Le fait qu’elle soit capable d’interpréter le Coran et qu’elle use de moyens critiques rationnels pour analyser la sunna et de méthodes logiques telles que l’analogie (qiyas) pour déduire des jugements indique son degré de connaissance dans les sciences islamiques. Sa connaissance des conditions et des causes de la révélation, sa maîtrise des différentes lectures (kiraat) et de la linguistique arabe lui ont été d’une grande utilité dans le tafsir (commentaire) du Coran.


Le niveau de science qu’elle atteignit

Aïcha (r.anha) se distinguait de ses coépouses par sa science. Son intelligence et ses compétences ont été sans aucun doute d’une grande importance dans l’acquisition de la science, mais le fait qu’elle ait grandi auprès d’un père qui était un savant à qui on se référait sur certaines questions et plus particulièrement au sujet d’une science de l’époque, la science de l’affiliation (nasab), ainsi que son mariage avec le Messager (saw) ont aussi été d’un grand rôle dans son cheminement sur cette voie. Sa richesse matérielle, le fait qu’elle n’eut d’enfant et qu’elle vécut longtemps à proximité de grands compagnons à Médine, puis qu’elle se retira complètement de la vie politique, après qu’eut lieu la bataille du chameau, pour se concentrer uniquement à la science et à l'enseignement sont d’autres facteurs d’importance qui lui permirent d’atteindre un tel degré de connaissance. Elle maîtrisait la langue arabe en profondeur, elle apprit les poèmes arabes, l’histoire et la science de l’affiliation auprès de son père qui était un spécialiste dans ces domaines. Elle connaissait aussi très bien la situation sociale, les traditions et les coutumes de l’époque antéislamique de la Jahiliyya (l’ignorance). Son intelligence, ses compétences, sa curiosité et sa proximité avec le Prophète (saw) lui ont permis d’être parmi ceux qui connaissaient, comprenaient et mémorisaient le Coran et la Sunna de la meilleure façon. Le fait qu’elle soit capable d’interpréter le Coran et qu’elle use de moyens critiques rationnels pour analyser la sunna et de méthodes logiques telles que l’analogie (qiyas) pour déduire des jugements indique son degré de connaissance dans les sciences islamiques. Sa connaissance des conditions et des causes de la révélation, sa maîtrise des différentes lectures (kiraat) et de la linguistique arabe lui ont été d’une grande utilité dans le tafsir (commentaire) du Coran.  Cette accumulation de sciences lui a aussi permis d’être capable de déduire à partir des versets coraniques des jugements juridiques. Elle était l’une des sept juristes (fakih) capables de donner des fatwas (avis juridique) à Médine.  Ses efforts d’interprétation (ijtihad) et ses fatwas lui ont permis d’être comptée parmi les juristes et les moujtahid.  Une analyse de ses fatwas nous permet d’affirmer qu’elle ne possédait pas uniquement des connaissances dans le domaine de la jurisprudence (furû’). En effet, elle maîtrisait aussi les méthodes d’extraction des jugements et était capable d’en appréhender leurs objectifs.   La majorité des juristes de la génération des successeurs (tabi’ûn) la sollicitait en raison de ces compétences, mais aussi en raison de sa profonde connaissance dans le domaine de l’héritage (faraid). Ils la consultaient concernant certaines questions juridiques afin de profiter de toutes ses connaissances dans le fiqh (droit musulman).  Ainsi, des juristes de la génération des successeurs tels qu’Ata bin Abi Rabah ont affirmé ne connaître personne d’autre qu’Aïcha (r.anha) maîtrisant à ce point le droit musulman.

Aïcha (r.anha) se distinguait de ses coépouses par sa science. Son intelligence et ses compétences ont été sans aucun doute d’une grande importance dans l’acquisition de la science, mais le fait qu’elle ait grandi auprès d’un père qui était un savant à qui on se référait sur certaines questions et plus particulièrement au sujet d’une science de l’époque, la science de l’affiliation (nasab), ainsi que son mariage avec le Messager (saw) ont aussi été d’un grand rôle dans son cheminement sur cette voie.


Conclusion

La maison d’Aïcha (r.anha) était devenue un véritable foyer de science et d’enseignement. De nombreuses personnes, hommes et femmes, petits et grands, venaient la voir pour lui poser des questions ou l’écouter et profitaient ainsi de ses connaissances. C’est en grande partie grâce à elle que Médine put continuer à être un centre de la science islamique ; ses efforts et activités permirent l’émergence du droit musulman et dans le hadith d’un courant de pensée appelé « l’école de Médine ». Elle ne se contentait pas de répondre aux questions qu’on lui posait en personne, elle répondait aussi par écrit aux lettres des musulmans d’autres villes et régions. Elle joua ainsi un rôle précurseur dans l’écriture des hadiths et de certains sujets du droit musulman.

Aïcha vécut, que ce soit chez son père ou après son mariage avec le Prophète (saw), dans un contexte favorisant l’acquisition de la science et sa curiosité, son intelligence et ses compétences lui permirent de profiter pleinement de cette situation. Elle prouva, à travers ses interventions, qu’elle était à un niveau différent des autres savants de la génération des compagnons, surtout dans la compréhension et l’analyse des hadiths.  Les objections et corrections qu’elle effectua concernant certains hadiths rapportés par d’autres compagnons en sont la plus grande preuve. Sa maîtrise du Coran et de la Sunna, accompagnée de sa fine intelligence lui ont permis d’évoluer dans le droit musulman et de devenir une des références principales dans le domaine de l’émission d’avis juridiques (fatwa).  Ses avis (fatwa) et les jugements qu’elle a apportés à certaines questions d’ordre juridique ont servi d’exemple et ont été très souvent adoptés par les juristes de la génération des successeurs (tabî’un) et par les imams fondateurs d’école juridique (madhhab). Il faudrait plusieurs tomes pour recenser la totalité de ses fatwas. Une analyse globale de ses avis nous permet d’affirmer qu’elle connaissait et comprenait très bien le Coran, la Sunna, le Prophète (saw), la société, la femme et donc la religion tout entière. Elle maîtrisait et cernait très bien le sens et les objectifs des sources scripturaires. Cela lui permit d’émettre des avis en se basant sur la globalité des passages coraniques et non pas en se limitant à un verset uniquement, d’indiquer les raisons et conditions des paroles prophétiques, de s’opposer aux hadiths critiques vis-à-vis de la femme et d’émettre des fatwas en faisant mention aux coutumes et expériences de la société.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218