Safiyya Bint Huyay (r.anha)

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Safiyya Bint Huyay (r.anha)

Elle est née à Médine en l’an 610 du calendrier grégorien. Son père, Huyay bin Akhtab, était le chef des Banu Nadir, l’une des trois tribus juives de Médine. Sa mère, Barra bint Samaw’al, était issue des Qurayza, une autre tribu juive.

La tribu juive de Médine des Banu Nadir avait été éloignée de la ville par le Prophète (saw) juste après la Bataille d’Uhud car ses membres n’avaient pas accompli les obligations prévues par le pacte de Médine et ils avaient tenté, de plus, d’assassiner le Messager (saw) à la suite de ce manquement. En effet, le pacte de Médine prévoyait que si une personne de la ville tuait un membre d’une autre tribu, le paiement du prix du sang serait de la responsabilité, que cette personne soit musulmane ou juive, de toutes les communautés de Médine. Cependant, lorsque ‘Amr bin ‘Umayya al-Darimi (ra), de retour du massacre de Raj’i visant des enseignants musulmans auxquel il avait échappé, avait tué deux personnes de la tribu des Banu Amir (avec qui le Prophète (saw) avait signé un accord), les Banu Nadir ont refusé de payer la part de la diya (prix du sang) qui leur revenait (Waqidi, Kitab al-Maghazi, I-III, Beyrouth, 1984, I, 363-364 ; Ibn S’ad, al-Tabaqat al-Kubra, II, 53 ; Balazuri, Ansab al-Ashraf, I, jerusalem, 1963, I, 339).

Plus tard, ils ont accepté les émissaires qui leur avaient été envoyés et ont invité le Prophète (saw) à venir dans leur territoire afin que lui soit remis la part de Diyya qui leur incombait. Alors que le Messager (saw) ainsi que ses compagnons (r.anhum) se reposaient à l’ombre du mur d’une maison du quartier juif, les Banu Nadir ont décidé d’entreprendre une tentative d’assassinat à son encontre. Le Prophète (saw), ayant été alors informé de ce complot par la révélation, a immédiatement quitté les lieux.  Il a ensuite dépêché Muhammad bin Maslama (ra) pour les informer qu’ils devront quitter la ville dans les dix jours qui suivent, sans quoi l’armée musulmane leur déclarera la guerre. Les Banu Nadir, conscients qui ne pourront faire face aux musulmans, ont décidé de quitter la ville (Waqidi, al-Maghazi, I, 364-368). Mais l’un des principaux hypocrites, Abdullah bin Ubayd bin Salul, les a informés qu’ils leur viendraient en aide et qu’ils devaient patienter. La tribu juive de Médine, ayant appris cette nouvelle, a renoncé à quitter la ville. L’armée du Prophète (saw) a alors assiégé leur forteresse le 18 Rab’i al-Awwal (28 août 625).  Au bout de quinze jours de siège les Banu Nadir, voyant que l’aide promise n’arrivait pas, n’ont pas eu d’autres choix que de se rendre. Le Messager (saw) leur a permis, à l’instar de ce qui avait été prévu pour les Banu Qurayza, de quitter la ville en emportant uniquement tout ce qu’ils pouvaient charger sur leurs chameaux (Al-Hashr/3). Une partie de la tribu s’est dirigée vers la Syrie, tandis que la grande majorité s’est installée à Khaybar, la ville juive la plus importante de la péninsule arabique à cette époque (Bukhari, Maghazi, 14 ; Waqidi, Maghazi, I, 368-380 ; Ibn Hicham, al-Sira al-Nabawiyya, I-IV, Beyrouth, III, 199-201 ; Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 57-58).

Huyay, le père de Safiyya (r.anha), poursuivait ses attaques contre les musulmans, et ce même après avoir été contraint à quitter Médine et s’installer à Khaybar. Au point que Huyay, alors chef de la tribu des Bani Nadir réfugiée à Khaybar, a réussi à convaincre la dernière tribu restée à Médine, les Bani Qurayza, de rompre leur accord avec les musulmans en plein milieu de la Bataille des Tranchées (Khandaq), alors que l’accord de Médine stipulait clairement que toutes les communautés étaient responsables de défendre la ville en cas d’agression de celle-ci.  En plus de ne pas tenir leur engagement, ils ont tenté de s’allier avec les assaillants. Au final un nombre important d’hommes parmi les Juifs qui se sont opposés par l’épée aux musulmans, avec à leur tête Huyay bin Akhtab de Nadir et K’ab bin Asad de Khaybar, ont été tués durant la bataille. Safiyya (r.anha) a alors perdu son père, mais les autres Juifs de Nadir ont continué à vivre dans leur ville : Khaybar (Bukhari, Manaqib al-Ansar, 12, Maghazi, 14, 30 ; Ibn Hicham, al-Sira, 251-253).

Safiyya (r.anha) possédait de nombreuses vertus, elle était pieuse, douce, courageuse et généreuse. Elle avait donné de son vivant toute sa maison en aumône. De plus, lorsque les rebelles avaient assiégé la maison du calife Othman (ra), elle était partie lui donner à manger, mais elle s’était vu refuser l’entrée par les assaillants. Elle avait alors tendu une planche en bois vers sa fenêtre pour continuer à lui transmettre à boire et à manger. 

Lorsque le Prophète (saw) avait éloigné une par une les tribus juives de Médine, les Bani Nadir s’étaient réfugiées à Khaybar. Ainsi, Khaybar était devenu un centre très risqué pour les musulmans. En plus de menacer Médine, ils soutenaient et encourageaient les polythéistes Mecquois à s’en prendre aux musulmans, particulièrement lors de la Bataille des Tranchées (Bukhari, Maghazi, 16, Balazuri, Ansab, I, 343). Ce sont aussi les Juifs de Khaybar qui avaient provoqué, durant la bataille de Khandaq, la dissension de la dernière tribu juive de Médine, les Bani Qurayza, et les avaient convaincues de rompre leur accord avec les musulmans. Les populations de Khaybar ont poursuivi après la Bataille des Tranchées leurs hostilités vis-à-vis des musulmans. Ils ont, d’une part, créé des alliances avec les hypocrites de Médine et ont, d’autre part, encouragé les tribus arabes polythéistes autour de Médine, telles que les Ghatafan et les Fazara, à attaquer Médine. Cette campagne organisée à partir de Khaybar s’est traduite par l’entrée des tribus arabes dans le territoire de Médine, le martyr du fils d’Abu Dharr al-Ghifari (ra) et le pillage du bétail incluant les chameaux du Prophète (saw). Bien qu’ils aient été obligés de laisser tout ce qu’ils avaient pillé lorsque les musulmans sont partis à leurs trousses, cette situation a contraint les musulmans à préparer une expédition contre Khaybar (Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 80-84).

Une fois le Traité de Hudaybiyya ratifié, les forces armées constituées de 1500 hommes sont sorties de Médine durant le mois de Muharram de la septième année de l’Hégire (juin 628), pour mettre fin aux menaces de Khaybar à l’encontre de la cité musulmane de Médine. Dans un premier temps, ont été neutralisées les tribus arabes qui se trouvaient sur la route et qui avaient agressé les musulmans dans le passé, telles que les tribus de Ghatafan et de Fazara (Waqidi, Maghazi, II, 638-643 ; Ibn Hicham, al-Sira, III, 344).

Le Prophète (saw) a ensuite assiégé la forteresse de Khaybar. Un Juif du nom de Simak a proposé, alors que le siège se poursuivait, d’informer les musulmans des points faibles de la forteresse en échange d’une protection. La bataille a duré environ vingt jours, durant lesquels tous les bastions de Khaybar ont été conquis (Muharram-Safar 7/ mai-juin 628). Se trouvait parmi les prisonniers, Safiyya bint Huyay bin Akhtab (r.anha), la fille du chef de la tribu des Bani Nadir et la femme d’un juif de Khaybar, Kinana bin Rab’i. (Bukhari, Maghazi, 38 ; Waqidi, Maghazi, II, 673-675 ; Ibn Hicham, al-Sira, III, 344-345, 350-351, IV, 296 ; Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 108, VIII, 121)

Une dizaine de hadiths ont été rapportée par Safiyya (r.anha). Un de ces hadiths est présent à la fois dans Bukhari et Muslim (muttafakun alayh).  Son neveu, ses deux esclaves Kinana et Yazid bin Mu’ab, l’imam Zayn al-‘Abidin, Ali bin Husayn, Muslim bin Safwan, Ishak bin Abdullah bin Harith et certains muhaddith parmi les successeurs ont transmis les hadiths rapportés par Safiyya (r.anha).

Safiya avait été faite prisonnière alors que son mari, lui, avait été tué durant la bataille. Les prisonniers de guerre ont été distribués aux combattants musulmans et Safiyya (r.anha) est revenue à Dihya bin Khalifa (ra). Cependant, il a été pensé qu’elle devait revenir au Prophète (saw) du fait de son statut. Safiyya (r.anha) a été donc, avec l’accord de Dihya (ra), remise au Prophète (saw). Le Messager (saw) lui a proposé alors deux solutions, elle était libre de devenir musulmane et l’épouser ou rester juive et retourner vers son peuple. Safiyya (r.anha) s’est alors convertie, le Prophète (saw) l’a libéré puis mariée en l’informant que son douaire serait son affranchissement.  Une fois la conquête de Khaybar aboutie, l’Envoyé de Dieu (saw) s’est marié avec Safiyya sur le chemin de retour vers Médine dans un lieu de repos pour les voyageurs. (Bukhari, Salat, 12 ; Maghazi, 38 ; Nikah, 68, Jihad, 74 ; Ibn S’ad, al-Tabaqat, VIII, 122-123 ; Ibn Abdilbarr, al-‘Itisab, IV, 1872)

Cette décision du Prophète (saw) de marier cette dame avait pour objectif de rétablir de bonnes relations avec les populations juives et avait pour objectif de toujours chercher « l’entente et le compromis » avec les vaincus. Le fait qu’elle puisse se marier avec le Chef et le Prophète des musulmans, au lieu de se marier avec une personne quelconque, a été un honneur et un soulagement pour Safiyya (r.anha). En effet, bien qu’elle ait été une esclave avant de devenir sa femme, le Prophète (saw) n’a jamais traité Safiyya (r.anha) d’une manière différente. Le jour du mariage, le Messager (saw) a tenté de la consoler concernant les pertes et dommages qu’a connus sa communauté et lui a expliqué les raisons qui ont poussé les musulmans à effectuer cette guerre. (Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 108, VIII, 127)

Safiyya (r.anha) possédait de nombreuses vertus, elle était pieuse, douce, courageuse et généreuse. Elle avait donné de son vivant toute sa maison en aumône. De plus, lorsque les rebelles avaient assiégé la maison du calife Othman (ra), elle était partie lui donner à manger, mais elle s’était vu refuser l’entrée par les assaillants. Elle avait alors tendu une planche en bois vers sa fenêtre pour continuer à lui transmettre à boire et à manger.  (Ibn S’ad, al-Tabaqat, VIII, 128).

Safiyya (ra) est décédée au mois du ramadan de l’an 50 (octobre 670) ou 52 (septembre 672) à Médine, durant le califat de Muawiya bin abi Sufyan (ra). Sa prière mortuaire a été dirigée par le gouverneur de Médine, Said bin As. Elle a ensuite été enterrée dans le cimetière de jannat al-Baqi.

Il avait été une fois question des origines juives de Safiyya entre les femmes du Prophète (saw) (Ibn Maja, Nikah, 50). Elle avait été attristée par Aisha et Hafsa (r.anhuma) affirmant posséder les mêmes origines que le Messager en faisant allusion aux origines de Safiyya (ra).  Lorsqu’elle s’est alors plainte de cela auprès du Prophète (saw), il la consola en disant : « Mais pourquoi n’as-tu pas dit : « Comment pensez-vous être meilleures que moi, alors que mon mari est Muhammad (saw), mon père Harun (as) (Aaron) et mon oncle Musa (as) (Moïse) ? » ». (Tirmidhi, Manaqib, 63; Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 108, VIII,127 ; Ibn Abdilbarr, al-‘Itisab, IV, 1872)

Lorsque le chameau de Safiyya (r.anha) avait été blessé durant le voyage du pèlerinage, le Prophète (saw) avait dit à Zaynab bint Jahch (r.anha) de lui remettre un des chameaux qu’elle possédait en trop. Zaynab (r.anha) a alors dit : « Vais-je le donner à la juive ?» Après quoi, le Messager (saw) s’est détourné d’elle durant presque trois mois. (Ahmed, Musnad, VI, 337-338 ; Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 108, VIII, 127)

Safiyya (ra) est décédée au mois du ramadan de l’an 50 (octobre 670) ou 52 ( septembre 672) à Médine, durant le califat de Muawiya bin Abu Sufyan (ra). Sa prière mortuaire a été dirigée par le gouverneur de Médine, Said bin As. Elle a ensuite été enterrée dans le cimetière de jannat al-Baqi. (Ibn S’ad, al-Tabaqat, II, 108, VIII, 128-129 ; In, Abdilbarr, al-‘Itisab, IV, 1872)

Une dizaine de hadiths ont été rapportés par Safiyya (r.anha). Un de ces hadiths est présent à la fois dans Boukhari et Muslim (muttafakun alayh).  Son neveu, ses deux esclaves : Kinana et Yazid bin Mu’ab, l’imam Zayn al-‘Abidin, Ali bin Husayn, Muslim bin Safwan, Ishak bin Abdullah bin Harith et certains muhaddith parmi les successeurs ont transmis les hadith rapportés par Safiyya (r.anha). Cette tradition, rappelant l’importance d’éviter tout acte pouvant engendrer de mauvaises suppositions de la part des personnes, a été rapportée par Safiyya (r.anha) :

 La femme du Prophète (saw) Safîya Bint Houyay (r.anha) a informé Ali bin Husayn que : « Le Prophète se trouvait à la mosquée en compagnie de ses femmes. Lorsque les femmes se sont levées pour retourner vers leurs chambres, le Messager (saw) a dit à Safiyya bint Huyay (r.anha) : « Ne presse pas ! Que je puisse t’accompagner ». La chambre de Safiyya (r.anha) se trouvait dans la maison de Umama (r.anha). Le Prophète (saw) est sorti aux côtés de Safiyya (r.anha), tandis deux hommes parmi les Ansars les ont croisés. Lorsqu’ils ont vu le Prophète (saw), ils ont pressé le pas pour s’éloigner. Le Prophète (saw) leur a dit alors : « Venez ici ! Il s'agit de Safiyya bint Huyayy. » Les deux hommes ont répondu : « Nous ne pouvons penser autre chose venant de toi ! » Le Prophète  (saw) leur a alors dit : « Satan circule dans le corps de l'homme par où circule le sang. Et j'ai craint qu'il ne vous suggère certaines mauvaises pensées ». (Boukhari, Itikaf, 11-12) (voir aussi : Aisha Abdurrahman, Tarajim Sayyidat Bayt al Nubuwwa, le Caire, p. 367-374 ; Kazici, Ziya, Hz. Muhammed’in Aile Hayatı ve Eşleri, Istanbul 2003, p. 299- 304; Uraler, Aynur, “Safiyye”, DİA, XXXV, 474-47)


La revue du Diyanet de juillet 2011

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218