37 - La venue à Médine des représentants des tribus arabes

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37 - La venue à Médine des représentants des tribus arabes

La 9ème année de l’hégire (630-631) est connue comme « l’année des délégations » (sana al woufoud). La conquête de la Mecque, l’adhésion à l’Islam, par la suite, d’une grande et puissante tribu que sont les Hawazin, la venue, un an plus tard des Thaqifites vivant à Taïf pour prêter serment d’allégeance et l’entrée de l’Arabie du Nord sous la souveraineté de l’Islam avec la bataille de Tabouk engendrèrent la nécessité, pour les tribus arabes vivant dans les diverses contrées de la péninsule, d’envoyer des délégations pour soumettre leurs allégeances. Parmi ces événements, la conquête de la Mecque et l’adhésion à l’Islam de la tribu de Quraysh occupent une place à part. Avec l’adhésion à l’Islam de Quraysh que les tribus arabes considéraient avec beaucoup de respect et qui était en même temps l’adversaire le plus farouche des Musulmans, celles-ci, en révisant leurs positions et leurs forces, commencèrent à entrer dans la religion d’Allah. Dans la sourate Nasr, il est dit à ce sujet : « Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la victoire (la conquête de la Mecque), et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d’Allah, alors, par la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au repentir » (Nasr 110/1-3). Les délégations qui venaient à Médine et rencontraient le Prophète (saw) au nom de leur tribus déclaraient leur foi musulmane, prêtaient serment d’allégeance en leurs noms et au nom de leur tribus, souhaitaient apprendre la religion de son transmetteur en personne et demandaient parfois même qu’il soit envoyé aux membres de leurs tribus des instructeurs. Parmi ces délégations, il se trouvait des représentants de tribus telles que Thaqif et Hanifa qui posaient des conditions inacceptables dans le but d’être exemptés de certains rites fondamentaux de l’Islam et de pouvoir déroger aux interdits et d’autres qui souhaitaient tirer bénéfice de leur nouvelle situation. Entre-temps, il se trouvait d’autres tribus qui, sans pour autant embrasser l’Islam, se plaçaient sous l’autorité de l’Etat musulman en versant la jizya comme c’était le cas pour les Chrétiens de Najran et de la tribu de Taghlib. La venue des délégations de tribus à Médine constituait pour le Prophète (saw) un excellent moyen pour prêcher l’Islam. Lesdites délégations étaient accueillies dans les demeures de Compagnons tels qu’Abdurrahman b. Awf, Ramla bint Harith, Abou Ayyoub al Ansari et Khalid b. Walid et parfois sur le lieu d’ashab Souffa ou dans les tentes dressées sur la cour de la mosquée. Le Messager d’Allah (saw) accordait de l’attention aux membres de la délégation, leur récitait le Coran et l’enseignait et expliquait les principes de la religion ainsi que les règles de la morale. Aux délégations qui, raccompagnées par divers présents, quittaient Médine, étaient fournies des informations relatives à des questions sensibles, des préposés étaient désignés pour les fonctions d’intendant, de percepteur de la zakat ou de la jizya ou alors d’instructeur pour l’enseignement de l’Islam, et des documents écrits concernant ces questions étaient établis. Ces visites de représentants et de délégations montrent que des tribus vivants dans les diverses régions de l’Arabie étaient musulmanes et que Médine était considérée comme la capitale de la péninsule. Ibn Sa’d, dans son œuvre, recensa, dans le même passage, soixante-et-onze délégations venues des quatre coins de l’Arabie et fournit pour chacune d’elles diverses informations.

Bien que nombre de tribus arabes fussent convertis à l’Islam, il n’était guère possible d’affirmer que l’Islam s’était véritablement implanté parmi nombre de tribus bédouines, à commencer par celles comme Gatafan et ses divers clans ou Hanifa et Asad. Dans le Coran, les Bédouins qui sont hostiles au Prophète (saw) et aux Musulmans sont fustigés, l’attitude exécrable qui caractérise l’écrasante majorité d’entre eux a souvent été associée et traitée autour du vocable a’râb’. (cf. Tawba 9/90, 93-99, 101-102, 107-110, 120) ; Ahzab 33/20 ; Fath 48/11-17 ; Houjourat 49/14-18). Les Bédouins avaient commencé à manifester leur hostilité à l’Islam depuis la bataille de Khandaq (Ahzab 33/20). Lors de son voyage pour effectuer son Omra (6/628), le Messager d’Allah (saw) envoya un message aux tribus bédouines vivant autour de Médine, telles que Jouhayna, Mouzayna, Achja’ et Aslam, leur demandant de se joindre à lui mais, leur attachement au Messager d’Allah et à l’Islam n’étant pas encore suffisamment ancré dans leurs cœurs, ils ne donnèrent pas suite à son appel et s’en excusèrent après l’Omra (cf. Fath 48/11-12, 16). Un événement similaire se déroula lors de la bataille de Tabouk (cf. Tawba 9/90, 97, 101, 120). À partir de l’an 3 (624), quelques clans appartenant aux Bédouins des Banu Gatafan furent impliqués dans divers pillages et meurtres aux alentours de Médine ; l’islamisation de cette tribu ne put se réaliser superficiellement que lors de l’année des délégations (9/630-631). En effet, après le décès du Noble Messager (saw), Ouyayna b. Hisn, chef du clan Fazâra, s’allia, après avoir apostasié, avec Toulayha b. Khouwaylid al Asadi qui prétendait être prophète. Les Banu Hanifa, un autre clan important parmi eux, et dont la majorité mène une vie de nomade, s’efforcèrent de garder leur distance vis-à-vis de l’Islam. La délégation de cette tribu, sous la direction de Salama b. Hanzala, vint à Médine en l’an 10 de l’hégire (631) et adhéra à l’Islam. Toutefois, mus par des visées politiques et économiques, les membres de cette tribu apostasièrent en se rassemblant autour de Mousaylama al Kazzab qui, lors de la maladie du Noble Messager (saw), avait prétendu être prophète en avançant le mensonge selon lequel Muhammad (saw) l’aurait associé à sa mission prophétique.

De l’autre côté, non seulement les Banu Asad avaient envisagé une attaque surprise sur Médine, présumant qu’à la suite de la bataille d’Ouhoud, le Prophète (saw) et les Musulmans s’étaient affaiblis mais, en outre, lors de la bataille de Khandaq, ils prirent place, avec une unité sous le commandement de Toulayha b. Khouwaylid, dans les rangs de l’alliance des groupes ennemis. Tandis qu’en l’an 9 (630), ils furent contraints de se rendre à Médine avec une délégation dans laquelle figurait aussi Toulayha, et de se présenter comme Musulmans ; ils demandèrent une aide financière en raison de la disette et l’autorisation de prélever la zakat pour la redistribuer entre eux. La manifestation de leur attitude rustre et de leurs comportements grossiers lors de ces échanges, la mise en avant de leurs intérêts, leur volonté de mettre le Noble Messager dans l’obligation en se présentant comme croyants alors même qu’ils n’ont pas cru firent que les versets dans la sourate Hujurat furent révélés (49/14-18). Lors de la maladie du Prophète (saw), Toulayha se déclara prophète et, obtenant, en dehors de sa tribu, le soutien de certaines personnes parmi les tribus bédouines telles que Fazâra, Zoubyan, Tay et Abs, il se souleva sous le califat d’Abou Bakr.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218