Comment inculquer le Tawhîd à nos enfants ?

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vendredi 18 mai 2018

Comment inculquer le Tawhîd à nos enfants ?

Dieu dit : « Luqmân exhorta un jour son fils, en lui disant : ‘Mon cher fils, n’attribue aucun associé à Dieu, car le polythéisme est un crime abominable !’ » (31 : 13).


Maintenir ce qui est déjà acquis

Saviez-vous que notre enfant vient au monde avec pour intime conviction que Dieu est unique ? Saviez-vous qu’avant de nous rejoindre, son âme a témoigné de l’unicité de Dieu ? Dieu nous informe de tout cela lorsqu’Il dit : « Et lorsque ton Seigneur tira des lombes des fils d’Adam leurs descendants et les fit témoigner contre eux-mêmes, en leur demandant : ‘Ne suis-je pas votre Seigneur ?’ Et ils répondirent : ‘Oui, nous en témoignons !’ Et ce, afin que vous ne puissiez plus dire le Jour de la Résurrection : ‘Nous avons été pris au dépourvu’ » (7 : 172). Lorsque votre enfant vient au monde, il est donc déjà croyant et il ne connaît ni le mensonge, ni le vice. Regardez-le dans les yeux, vous y remarquez l’innocence et l’honnêteté dans son état le plus vrai. C’est pour cela que les enfants ne peuvent aller qu’au Paradis. Comme ils n’ont pas encore atteint l’âge de raison,  ils ne sont pas en mesure de faire des choix, de tendre vers le bien ou le mal, ils sont encore sous l’influence de leur nature originelle (fitra). Cette foi originelle en Dieu reste au plus profond de l’âme de chaque individu et peut refaire surface en cas de choc. C’est pourquoi le négateur (kâfir) peut devenir lucide l’espace d’un instant et voir sa foi ressurgir lorsqu’il est fortement éprouvé. Le Coran nous rappelle que Pharaon eut la foi alors qu’il était envahi par les flots, mais il était trop tard (10 : 91). L’enfant est donc un dépôt de Dieu et sa bonne éducation est une obligation pour le père comme pour la mère. Chacun devra rendre des comptes à Dieu le jour de la résurrection sur la question de l’éducation. Le terme « éducation » ayant un sens large, nous nous intéresserons, dans cet article, uniquement à la question de « l’unicité de Dieu (tawhîd)» que les parents doivent maintenir chez l’enfant. Si je dis « maintenir », c’est parce que l’enfant vient au monde croyant et que les parents ont pour devoir de préserver cette foi. Cette éducation du cœur commence donc tôt (dès la naissance) et ne doit en aucun cas être repoussée à plus tard, car le « plus tard » ne vient en général que trop tardivement. Par conséquent, il n’est pas exact de poser la question en ces termes : comment inculquer le tawhîd à nos enfants ? Nous devrions plutôt dire : comment maintenir le tawhîd chez notre enfant ? Si notre enfant s’écarte de Dieu, la question devrait être : comment ramener notre enfant à sa nature originelle, celle qui reconnaît l’existence d’un Dieu unique ?


Le retour à la nature

Le Coran fait souvent allusion à la nature et invite les fidèles à méditer sur son origine et son Créateur. Dieu dit par exemple : « N’ont-ils pas remarqué comment les camélidés ont été créés, comment le ciel a été élevé, comment les montagnes ont été dressées, et comment la terre a été nivelée ? » (88 : 17 à 20). Si observer la nature est si important, c’est parce que cet exercice permet à l’homme de remarquer de façon incontestable la présence du Créateur. Le fait d’entretenir une sensibilité à la nature ne peut donc que nourrir et renouveler la foi du croyant. Tariq Ramadan le souligne d’ailleurs très bien dans son ouvrage intitulé « Muhammad, vie du Prophète » lorsqu’il parle du séjour du jeune Muhammad (alors qu’il a à peine 2 ans) chez les Banî Sa‘d. Il dit : « La proximité de la nature, le respect de ce qu’elle est, de même que l’observation et la méditation sur ce qu’elle nous montre, nous offre ou nous (re)prend sont autant d’exigences d’une foi qui, dans sa quête, cherche à se nourrir, à s’approfondir et à se renouveler. La nature est le premier guide et l’intime amie de la foi. Ainsi Dieu a-t-il décidé d’exposer Son Prophète (saw), dès son plus jeune âge, aux leçons naturelles de la Création, conçues comme une école où la conscience appréhende peu à peu les signes et le sens » (p. 30). On comprend ici combien il est important pour nos enfants qu’ils soient entourés eux aussi par la verdure et les animaux. Ceci est essentiel d’autant plus si nous habitons dans de grandes villes qui nous coupent de la réalité en nous enfermant entre quatre murs. Si la nature nourrit la foi de l’enfant, la vie dans les villes industrielles l’étouffe. Permettons donc à nos enfants de jouer en pleine nature, de jouir de son air pur et de sa splendeur. Amenons-les en forêt, en montagne, à la mer ou à la campagne. Il ne fait aucun doute que ce rapport à la nature stimulera davantage leurs dispositions naturelles, leur intellect et leur sensibilité et leur permettra de découvrir la force créatrice de leur Seigneur. La nature devrait être la première école de l’enfant pour que sa perception s’harmonise avec les vérités de son univers mais aussi pour qu’il n’oublie pas qu’au dessus de toute chose « matérielle », il y a Le Créateur par excellence. Cela n’est pas à prendre à la légère par les parents car dans son « éducation » (faite directement par Dieu), le Prophète (saw) passe plusieurs années de sa plus tendre enfance dans le désert, loin de la cité mecquoise. Avant la naissance de notre enfant, posons-nous donc les questions suivantes : Ne devrions-nous pas aller habiter quelques années en province ? Ne devrions-nous pas privilégier l’éducation de notre enfant par rapport à notre carrière professionnelle ? Ne devrions-nous pas retourner à la nature qui nous fait prendre conscience de l’existence du Concepteur, du Créateur ?


Vivre l’excellence (ihsân)

Afin de maintenir une relation forte entre Dieu et notre enfant, il est nécessaire de porter une attention particulière à la notion d’ihsân (excellence). Qu’est-ce que l’ihsân ? Dans un célèbre hadith rapporté par ‘Umar b. al-Khattâb (ra), la question est posée par l’ange Gabriel au Prophète (saw) qui répond : « C’est que tu adores Dieu comme si tu Le voyais, car même si tu ne Le vois pas, Lui te voit » (rapporté par Muslim). Les parents jouent un rôle majeur car c’est eux qui vont devoir mettre la graine de l’ihsân dans la poitrine de leur enfant. Il va leur falloir se montrer stratégiques, intelligents, innovants mais surtout sincères dans cette mission. La première chose consiste à faire de Dieu, Le Vivant (al-hayy), le centre même de la vie de notre enfant. Il doit comprendre que dans sa vie, il n’y a pas que ses frères et sœurs, ou ses parents, mais que Dieu est au-dessus de tout cela car c’est Lui qui nous donne, qui nous guide, qui nous observe, qui nous facilite, qui nous prive, etc. En d’autres termes, la présence de Dieu doit devenir chez notre enfant une réalité que son cœur connaît, bien que ses yeux l’ignorent. Pour aider notre enfant à vivre l’ihsân, il nous faut être attentif et attendre le bon moment pour agir. Par exemple, le jour où notre enfant tient un propos mensonger, il ne faut pas le condamner mais lui dire tout simplement : « Tu peux me mentir et me tromper mais sache que tu ne peux rien cacher à Dieu car Il t’observe. » Le Prophète (saw) partageait la notion d’ihsân avec ses compagnons lorsque l’occasion se présentait à lui. On le voit par exemple consoler son ami Abû Bakr (ra), alors qu’ils sont tous les deux recherchés par les idolâtres de la Mecque et qu’ils se sont réfugiés dans la grotte d’al-Thawr. Repérés par les pisteurs, Abû Bakr (ra) est pris d’une peur soudaine et dit au Prophète (saw) : « S’ils inclinaient la tête, ils pourraient nous voir ! » Le Prophète (saw) lui dit alors : « Silence ô Abû Bakr ! Nous sommes deux personnes, Dieu est Notre troisième compagnon ». C’est cette même réalité qu’il faut partager avec nos enfants : « Fils, Dieu est ton éternel compagnon et protecteur ». En plantant les bonnes graines, on espère voir notre enfant grandir, non pas avec une bonne connaissance de l’unicité de Dieu (tawhîd), mais avec Dieu pour ami, confident, protecteur et Seigneur. Enfin, pour mieux vivre sa relation à Dieu, il est nécessaire que notre enfant lise le Coran en se concentrant sur les histoires des Prophètes. De nombreux passages du Coran sont effectivement très explicites à ce sujet, comme lorsque Dieu dit : « Seigneur, dirent Moïse et son frère, nous craignons qu’il (Pharaon) ne se livre à quelques excès ou ne commette quelques brutalités à notre égard. ‘Ne craignez rien’, dit le Seigneur, Je serai avec vous pour voir et entendre » (20 : 45, 46).


Comment aider notre enfant à vivre sa foi ?

En tant que parents, nous devons prendre conscience que nous sommes dépendants de Dieu car toute chose Lui appartient et Lui revient. Par conséquent, nous devons apprendre à remercier Dieu, à Le louer, à Lui rendre grâce et à compter sur Sa miséricorde aussi bien dans ce bas monde que dans l’au-delà. Dieu nous rappelle cette évidence lorsqu’Il dit à Son Messager : « Ne t’a-t-il pas trouvé orphelin quand Il t’a recueilli ? Ne t’a-t-il pas trouvé égaré quand Il t’a guidé ? Ne t’a-t-il pas trouvé démuni quand Il t’a enrichi ? » (93 : 6 à 8). Ce principe fondamental met les premières bases de la relation de l’homme à Dieu. Il nous permet de nous situer par rapport à Lui et de ne craindre personne ni aucune situation puisqu’Il nous permet de comprendre que Seul Le Créateur donne et reprend selon une sagesse qui Lui est propre. Une fois ce principe compris par les parents, ils doivent le partager avec leurs enfants à travers les évènements anodins du quotidien. Ce principe doit être manipulé avec beaucoup de pédagogie afin que notre enfant arrive à vivre l’excellence (ihsân). C’est pourquoi les parents ne doivent pas mettre la casquette de l’enseignant devant leur enfant mais plutôt celle de l’éducateur (murabbî). C’est le cœur de l’enfant qu’on doit chercher à ouvrir et à épanouir et non son intellect. Exemple : votre enfant remarque un jouet dans un magasin qu’il souhaite fortement acquérir mais vous ne voulez pas lui acheter maintenant car vous n’avez pas les moyens dans l’immédiat. Vous allez alors expliquer à votre enfant que vous n’avez pas assez d’argent ou que l’achat d’un jouet ne doit pas être systématique. Cette réponse relève du bon sens mais elle peut être tournée de façon à entretenir la relation de l’enfant avec son Créateur. Avec un tel objectif d’éducation, il serait plus judicieux de dire : « Je n’ai pas assez d’argent pour acheter ce jouet. Demande donc à Dieu s’Il veut bien donner davantage à ton père (ou ta mère). Puis n’oublie pas que Dieu fait ce qu’Il veut et s’Il veut te donner ce jouet alors Il te le donnera mais s’Il ne veut pas alors il faudra que tu patientes. » Supposons maintenant que vous avez acheté le jouet et que votre enfant vous remercie et vous enlace alors vous pouvez lui dire : « Remercie Dieu qui a donné de l’argent à ton père (ou ta mère) afin qu’il puisse acheter ce cadeau. Et n’oublie pas que Dieu fait ce qu’Il veut et qu’il est possible que la prochaine fois Il ne t’offre pas de jouet ». Comme je le disais en introduction, de tels mots ne peuvent être prononcés que par des parents qui ont compris qui est Dieu et qui ils sont. C’est pourquoi il est nécessaire que les parents s’épanouissent spirituellement s’ils veulent voir leurs enfants s’épanouir à leur tour.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218