Le langage corporel du Prophète Muhammad (saw)

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Le langage corporel du Prophète Muhammad (saw)

Il est indéniable que Muhammad (saw) est un être humain, mais aussi le dernier des prophètes.  Il possède donc la mission de transmettre et d’expliquer la religion à l’humanité. Le Messager (saw) étant un modèle exemplaire sur tous les plans de sa vie, son habileté dans la communication avec son entourage lors de la mise en œuvre de sa mission est sans aucun doute d’une grande importance.  La réussite du Prophète Muhammad (saw) dans les conditions de son époque, c'est-à-dire 15 siècles auparavant, à atteindre et à conquérir le cœur de milliers de personnes mérite d’être reconnue, mais aussi d’être étudié du point de vue de la communication et des autres disciplines qui lui sont associées. Il est aujourd’hui nécessaire que l’on se penche sur l’utilisation par le Prophète (saw) du langage corporel dans le cadre de sa mission prophétique.

Le langage corporel du Prophète Muhammad (saw) : les gestes, postures et paroles du Messager (saw), durant sa mission prophétique qui a duré 23 années, ont été observés de très près et ont été en grande majorité sauvegardés. Les recueils de hadiths qui contiennent les paroles du Prophète (saw) sont la source principale qui nous permettra aussi de trouver les informations qui nous sont nécessaires.  Nous allons ainsi présenter les gestes, les attitudes et postures du Prophète (saw) à travers des exemples tirés de ces recueils.


1. Ses gestes 

Une analyse gestuelle du Prophète Muhammad (saw) dans ses relations humaines nous permet d’affirmer qu’il utilisait davantage ses mains et ses doigts dans ses discours. Nous allons donc traiter de ce point à travers ces deux sous-parties : l’utilisation des mains et des doigts.

a. Les mains : Le Prophète (saw) était capable, durant les sermons effectués dans le cadre de l’enseignement et de l’éducation, d’attirer l’attention de son auditoire et de rendre son discours vivant. Un jour, alors qu’il prêchait de son minbar (estrade de laquelle le sermon du vendredi se prononce), il avait frappé de son bâton le minbar, puis il avait dit : « Cette ville est Taiba, cette ville est Taiba (Médine), je vous ai déjà informé que le Dajjal n’entrerait ni à La Mecque ni à Médine ». Le Prophète (saw) a exprimé des notions abstraites sous des formes concrètes, il expliquait les choses selon le niveau des personnes et permettait ainsi la compréhension de tous. Lorsqu’il avait raconté qu’il serait le premier à entrer au paradis, il avait illustré par ses gestes de quelle façon il allait frapper à la porte du paradis. Anas bin Malik (ra) qui avait été témoin de ce moment, raconte qu’il visualisait encore dans son esprit les gestes que le Prophète (saw) avait effectués lorsqu’il avait reproduit son entrée au paradis comme s’il tenait dans sa main l’anneau du heurtoir avec lequel il frappait à la porte. Un des principaux savants parmi les compagnons, Ibn Mas’ud (ra), avait aussi expliqué quant à lui, que le Prophète (saw) lui avait enseigné le tashahhud en lui tenant la main.

Le Prophète Muhammad (saw) indiquait les choses les plus importantes par un geste de la main. Par exemple, alors qu’une personne des Ansars (médinois) s’était plainte en disant: « Ô Messager de Dieu ! J’entends certaines de tes paroles, mais je n’arrive pas les mémoriser ! ». Le Prophète (saw) lui avait dit : « Aide-toi de ta main droite ! » tout en agitant sa main comme s’il écrivait. Un autre exemple intéressant concernant les gestes de la main du Prophète (saw) nous a été rapporté par le compagnon Abdullah bin ‘Amr (65/684).  Abdullah bin ‘Amr (ra) raconte: « J’écrivais tout ce que j’entendais du Prophète (saw). Quelque temps plus tard, certains Qurayshites ont voulu m’en empêcher en me disant : « Le Messager d’Allah (saw) est un être humain, il parle dans la joie et la colère, comment peux-tu écrire tout ce qu’il dit ? » Je suis alors allé en parler à l’Envoyé de Dieu (saw) qui m’a répondu en levant sa main à sa bouche : « Inscris (tout ce que je dis), par Celui Qui détient mon âme, il n’y a que la vérité qui sort de là ».

Un jour, alors que le Prophète (saw) dirigeait la prière de la nuit (‘Isha), il avait effectué uniquement deux unités de prière au lieu de quatre, puis avait fini la prière par les salutations. Il s’est levé et s’est adossé à une sorte de divan en bois laissé dans le masjid (mosquée). Il semblait en colère. Il a posé sa main droite sur sa main gauche et il a entrelacé ses doigts, puis il a posé sa joue droite sur le flanc extérieur de sa main gauche.  Ceux qui sortaient en vitesse à la fin de la prière s’interrogeaient les uns aux autres : « La prière s’est-elle raccourcie ? ». Il y avait parmi eux Abu Bakr et Omar (r.anhum), mais personne n’osait dire quelque chose. Un compagnon surnommé Dhul Yadayn (la personne aux deux mains) en raison de ses longues mains, lui a alors demandé : « Ô Messager de Dieu ! As-tu oublié ou la prière s’est-elle raccourcie ? » Le Prophète (saw) a répondu : « Ni l’un ni l’autre », puis il a demandé aux personnes présentes : « Dit-il vrai ? » Ils ont répondu que « Oui », le Prophète (saw) s’est alors levé, il a complété la prière, puis il a effectué les prosternations de sahv (de l’oubli/de la distraction). Bien qu’il ne l’ait pas dit par la parole, ses gestes et donc son langage corporel suffisent à comprendre qu’il avait été soucieux et inquiet durant cet événement.

b. Les doigts : Il a été rapporté que lorsque le Prophète Muhammad (saw) avait prononcé son Sermon d’Adieu à Arafat devant une centaine de milliers de personnes, il a demandé : « Ai-je transmis ?» Puis il a tourné son doigt de shahada (l’index) vers les gens et a dit : « Sois témoin ô Dieu ! ». Une autre fois, alors qu’il envoyait Muadh bin Jabal (ra) au Yémen et le conseillait, il avait tenu sa langue entre ses deux doigts et il lui avait dit : « Retiens cela ». Il aurait pu dire tout simplement, « Tiens ta langue », mais non, il a préféré la méthode visuelle qui est beaucoup plus efficace. Abdullah bin Abi Ayfa (ra) raconte que le Prophète avait, durant un voyage, demandé à une personne à ses services de lui apporter quelque chose à boire, au moment du coucher du soleil, pour rompre son jeûne. Cette personne a alors exprimé son étonnement en disant : « Ô Messager ! La lueur du soleil est encore présente. Est-ce le moment de rompre le jeûne ? » Le Prophète a réitéré sa demande et cette personne répondait la même chose et au bout de la troisième demande, il a fini par lui apporter à boire. Le Prophète (saw) a alors rompu son jeûne, puis il a indiqué l’Est et a tiré une ligne de son doigt et a dit : «  Regarde ! Lorsque la nuit apparaît d’ici de cette manière, le jeûne peut être rompu».

Une autre fois, alors qu’il expliquait qu’il fallait observer le croissant de lune pour définir le mois du ramadan et qu’il avait précisé qu’un mois lunaire peut se composer de 29 ou de 30 jours, il disait : « Nous sommes une nation illettrée, nous n’écrivons pas et nous ne procédons pas par calcul pour fixer les jours du mois, un mois est ainsi et ainsi » tout en indiquant à trois reprises ses dix doigts pour le mois de 30 jours, puis le mois de 29 jours en abaissant son pouce au troisième geste. Le Messager de Dieu (saw) avait exprimé la sincérité et les relations que devaient entretenir les musulmans en disant : « Les croyants sont telle une construction. Ils se soutiennent les uns les autres. »  En disant cela, il avait entrecroisé et lié les doigts de ses deux mains. Il avait ainsi illustré de la plus belle façon l’importance de l’unité et de l’entraide.


2. Les traits du visage

Le Prophète Muhammad (saw), honoré d’un caractère des plus respectueux, était très courtois et poli. Sa tendresse et sa clémence faisaient ressentir et ressortir tous les sentiments que son cœur renfermait. Son visage exprimait toutes ses pensées.

a. L’expression de son visage : Elle enrichissait la valeur de ses paroles et ses interlocuteurs étaient capables de lire les intentions du Prophète (saw) sur son visage. Il était dans certains cas, possible de deviner de quel type de sujet il allait parler avant même qu’il prenne la parole. Lorsqu’il se mettait en colère, une veine se manifestait sur son front et une rougeur apparaissait dans ses yeux. Les compagnons comprenaient ainsi que le Prophète (saw) était insatisfait. Un jour, alors qu’il avait aperçu à son retour un étranger à côté de sa femme Aisha (r.anha), il avait fait ressentir son désagrément par l’expression de son visage. Alors Aisha (r.anha) avait expliqué que cette personne était son frère de lait. Ka’b bin Malik (ra) rapporte que le Prophète (saw) l’avait accueilli avec un visage rayonnant de joie lorsqu’il l’avait informé que son repentir avait été accepté et il lui avait dit «  Je t’annonce que ce jour est le meilleur des jours que tu ais connu de toute ta vie ! ».

b. Signe des yeux et des sourcils : Le Prophète (saw) ne s’exprimait jamais de ses yeux ou de ses sourcils pour décrier une personne et il interdisait cela. Après la conquête de La Mecque, alors qu’il avait été condamné à la peine de mort, Abdullah bin S’ad bin Abi Sarh s’est cramponné à la main du Prophète (saw) pour demander son pardon et exprimer son allégeance. Le Messager (saw) a refusé, mais au bout de la troisième demande insistante d’Abdullah, il a fini par accepter : sa vie a été ainsi épargnée. Mais le Prophète (saw) s’est plein de cela en disant à ses compagnons : « Pourquoi ne l’avait vous pas tué alors que vous constatiez ma réaction ? » Les compagnons ont alors répondu : « On aurait réglé son affaire si tu nous avais fait juste un petit signe de l’œil ! » Le Prophète a alors dit : « La traîtrise ne convient pas aux yeux des Prophètes ! »


3. Sa posture et sa conduite

La première chose qui nous vient à l’idée lorsque l’on parle du langage corporel du Prophète Muhammad (saw) est sans aucun doute son attitude. L’image que l’Envoyé de Dieu (saw), dont même le silence à une signification religieuse, a façonné de par sa conduite et ses postures constitue l’aspect le plus fort et le plus efficace de sa personnalité et reflète en réalité sa morale et son caractère. Son caractère était en quelque sorte un Coran vivant.  Ainsi, sa conduite nous a permis de connaître le type de personnalité que le Coran envisage. Un des éléments les plus importants complétant l’attitude d’une personne est sans doute sa tenue vestimentaire.

a. La tenue vestimentaire du Prophète (saw) : Le Messager (saw) a porté des vêtements de motifs et de couleurs diverses. Cependant, nous savons qu’il avait une préférence pour le blanc. Il habillait des tenues portées par tous et prenait soin que ses vêtements soient propres et non déchirés. Il utilisait des habits en laine, en coton et en lin, mais il n’a jamais porté de soie. Il sentait toujours bon et entretenait avec beaucoup de soin sa barbe et ses cheveux.

b. La proximité : Le Prophète (saw) était plus proche en vers ses femmes, ses enfants et ses petits-enfants. Il ajustait cette proximité relationnelle selon le degré de parenté. Il embrassait sa fille Fatima (r.anha) sur le front, il s’assoyait sur son lit et embrasser ses petits-fils Hassan et Hussein (r.anhuma). Cela illustre sa proximité physique avec ses proches (mahram) et la vie qu’il menait dans le cadre familial. Lorsqu’il parlait à quelqu’un, il le regardait dans les yeux, s’il lui avait tenu la main, il ne la lâchait pas et ne tournait jamais son visage tant que son interlocuteur ne l’avait pas  fait. Si une personne lui chuchotait quelque chose à l’oreille, il ne se retirait pas tant que la personne ne reculait pas d’elle-même. Le sourire n’était jamais absent de son visage et il conseillait sans cesse aux musulmans d’être souriant les uns aux autres. Même avec ceux qui lui avaient fait du mal, il écoutait avec calme leurs propos jusqu’à qu’ils terminent, pour ensuite prendre à son tour la parole. En effet, alors qu’il parlait avec Utba bin Rabi’a, il lui avait dit : « Parle ô Abu al Walid ! Je t’écoute ! » Lorsqu’il avait fini et s’était arrêté, le Prophète (saw) lui a demandé : « As-tu fini Abu al Walid ? » Puis suite à la réponse positive d’Utba, le Messager a commencé ses propos en disant : « Alors maintenant à ton tour de m’écouter ». Quand il marchait, il ne marchait pas d’une façon paresseuse et faible, bien au contraire, il marchait avec confiance et force. Ceux qui le suivaient avec du mal à le rattraper. Il avait une démarche légèrement inclinée vers l’avant et quand une personne l’appelait, il ne tournait pas uniquement sa tête, mais faisait pivoter tout son corps. Il restait quelquefois longuement silencieux. Ce silence est le reflet de sa personnalité calme et posée, mais cela pouvait aussi marquer un moment de réflexion ou être dû à son désir de laisser les gens libres ou une manière d’exprimer son approbation.

c. Le contact physique : Le Prophète (saw) utilisait aussi très bien le contact physique dans certaines situations. Nous savons qu’il accueillait les personnes venues de loin qui lui étaient chères en les prenant dans ses bras et parfois les embrassait et les serrait contre sa poitrine. En effet, Jafar bin Abi Talib (ra) était retourné de son hégire en Abyssinie à Médine alors que le Prophète revenait à peine de la conquête de Khaybar. Lorsque Jafar était arrivé auprès du Messager (saw) après 13 années d’absence, le Prophète (saw) l’avait serré dans ses bras puis l’avait embrassé entre les deux yeux en disant : « La conquête de Khaybar ou la venue de Jafar, je ne sais pas lequel des deux m’a rendu le plus heureux ».  Ainsi que l’a indiqué le Coran, lorsque les musulmans ont prêté allégeance au Prophète (saw), celui-ci avait posé ses mains sur leurs mains. Il avait ainsi, par le contact physique, renforcé les liens et la sincérité qui les liaient.

Nous constatons aussi que le Prophète (saw) se comportait avec les enfants de sorte qu’ils le comprennent et dans l’objectif de les rendre heureux. Ainsi, il les promenait sur son chameau, il les conseillait, il leur caressait les cheveux et leur faisait des plaisanteries. Il avait même une fois, alors qu’il prenait ses ablutions, pulvérisé l’eau qu’il avait dans la bouche sur un enfant pour jouer avec lui. Cette proximité et ce comportement naturel qu’il avait avec les enfants les attiraient et préparaient les fondements de l'amour et de l’attachement qu'ils porteront plus tard dans leur cœur à l'égard du Prophète (saw).

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218